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1) Description

Jeton de cuivre

Diamètre = 26 mm

Poids = 2,8  grammes.

 

Avers :

Ecu de Savoie perlé, surmonté de 3 étoiles à 6 branches en ligne.

Nota : de chaque coté de l’écu, apparaissent des figures difficiles à interpréter, peut-être un lion à la queue dressée à gauche, une lune est nettement visible, coté droit.

Le jeton ci-dessous présente aussi des décorations asymétriques autour de l’écu.

AVE MARIA GRACIA PLE abrégée qui signifie :

« Je vous salue Marie pleine de grâce »

Se référer au précédent article du 14/02/2010 «  Un jeton de compte à la légende chrétienne »,  pour les commentaires sur cette légende.

Le symbole entre MARIA et GRACIA se retrouve aussi sur le jeton ci-dessous :

Revers :

Croix fleurdelisée et fleuronnée, évidée au centre en quartefeuille, dans un quadrilobe fleuronné  cantonné à l’extérieur de 4 ensembles formés d’une « rose à 5 pétales » entourée de 2 croisettes :

2) Fabrication, émission des jetons.

Le principal atelier qui fabrique des jetons à cette époque est celui de Tournai.

Celui –ci s’est spécialisé dans la conception des jetons afin d’en fabriquer sur demande en les personnalisant aux types du monnayage royal, ducal ou comtal.

La croix du revers pourrait être la marque de fabrique de cet atelier.

Quelques exemples de jetons à la légende chrétienne, certainement de Tournai :

a)    

Ce jeton à la couronne présente en fin de légende P I au lieu de PL, le revers est, lui très semblable mais avec aux 4 angles du quadrilobe *A* / *V* / *E* / *M*, Ave Maria

b)   

Ce jeton au type à l’écu royal de France présente une inversion de lettre en fin de légende PEL au lieu de PLE.

Au revers, aux 4 angles du quadrilobe *A* / *V* / *E* / *G*, Ave Gracia, la légende est abrégée et incomplète.

      c)    

Ce jeton à l’avers original présente une légende très semblable à notre jeton de Savoie, le A très particulier au jambage écarté sous la barre sommitale de la lettre est très typique, le petit M minuscule, le R  est aussi identique. De plus, le symbole de ponctuation « rose à 5 pétales » avant et après GRACIA est exactement celui de notre revers.  Le revers est très proche avec les mêmes décorations fleuronnées internes au quadrilobe.

Il est de la même facture et frappé à  la même époque.

 Jeton à légende autre, certainement de Tournai :

       d)      

Celui –ci vante la noblesse et la fierté du Dauphin, frappé pour le Dauphiné et au revers, aux 4 angles du quadrilobe *A* / *V* / *E* / *G*, Ave Gracia, légende abrégée et incomplète.

Tournai, principal atelier émetteur de jetons sera détrôné par l’atelier de Nuremberg au XVème siècle L’atelier de Nuremberg va à son tour, inonder le marcher de jetons issus d’une technique de fabrication mécanique moins onéreuse. Ceux- ci sont de piètre facture, de faible épaisseur et d’alliage de mauvaise qualité. (Il suffit de comparer les états de conservation respectifs des jetons qui nous sont parvenus).

Tournai cessera d’émettre des jetons suite à son occupation par Charles Quint en 1521.

3) Essai de datation de ce jeton.

Eléments de datation :

a) Avers : La forme de l’écu, la légende, la forme des lettres.

 L’écu est assez large et relativement pointu mais surtout, la croix intérieure est très fine. Ce type d’écu à une forme qui se rapproche  de ceux gravés sur des monnaies du comte Aimon (1329-1343)

    

Gros denier blanc  de Aimon

Obole de Aimon

 La présence d’une étoile ou d’une molette sur l’écu apparait sur les monnaies du comte de Savoie Edouard, mais aussi de Aimon et de Amédée VI, mais aucune monnaie en comporte 3 en ligne.

 Cette légende religieuse, ou sous une forme proche, se retrouve sur de très nombreux jetons royaux ou régionaux à partir du quatorzième siècle.

 La forme des lettres.

La légende est de style résolument gothique, le style de ces lettres se retrouve sur des jetons de l’atelier de Tournai ( voir paragraphe 2c)

Nota : On peut également se référer à « Evolution générale de l’épigraphie des premiers Capétiens à la fin du 15ème siècle » de  A. Dieudonné.

b) Revers : Le dessin de la croix

Pour le monnayage de Savoie, cette forme de croix apparait tardivement, au revers des écus d’or du Duc Louis (1440-1465). Par contre, son apparition sur les monnaies françaises remonte à Philippe le Bel (1285-1314).

Mais surtout, cette croix est régulièrement utilisée par l’atelier de Tournai principalement au quatorzième siècle.

4) Conclusion

L’ensemble de ces données nous permet de déterminer une période commune à l’ensemble des éléments de datation. La fourchette obtenue est large, du 2ème tiers du 14ème siècle au 2ème tiers du 15ème siècle. Il apparait comme probable une facture de la fin du 14ème  siècle, au plus tard au début du 15ème, ce qui en fait un jeton d’époque comtale. Cette datation est proche de celle de V. Promis qui situe cette émission au 15ème siècle.

Nota : Ce jeton est un hybride entre celui répertorié sous le N°9, à la page 7  et sur la  Planche 1,  de l’ouvrage de V. Promis, pour l’avers (coté de l’écu), et celui répertorié sous le N°10 pour le revers (coté de la croix).

Bibliographie :

TESSERE di Principi di casa Savoia

De Vicenzo PROMIS

Torino

1879 

Remerciements :

 A Jacques Labrot  spécialiste du Jeton, pour ses précieuses informations.

 A CGB pour leur accord sur leur crédit photographique