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21 décembre 2017   Article de Gilbert GRANDIS Dalphino-chronologie
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Petit Denier au dauphin :


Cette monnaie dauphinoise assez mal frappée sur un flan de mauvais aloi, présente malheureusement une usure assez prononcée au début de la légende d’avers, à l’emplacement présumé de ou des ’initiales du comte. Le Dauphin régent reste donc à identifier. De par son module et sa gravure, ce type semble non répertorié à ce jour. L’étude des légendes et du style de la gravure de cette monnaie permettront peut-être d’en proposer une attribution.


1) Description












Légende de l’avers :



Dauphin en pal vers la gauche aux barbillons prononcés.

Grènetis barrés













Légende de revers :



Croix fortement pattée, cantonnée dans l’axe médian du deuxième quadrant par un dauphin tourné vers la gauche. Le pied de la croix coupe la légende à 6 heures.

Grènetis barrés


Flan de billon.

Poids = 0,71 gramme.

Diamètre = 16 mm.

2) Eléments d’attribution.


a) Légendes.

Les légendes sont ponctuées de croisettes entre chaque mot. Ces croisettes peuvent représenter une marque d’atelier ou le symbole (signature) du graveur.

La croisette se retrouve sur certaines monnaies de Guigues VIII mais plus couramment sur celles d’Humbert II.


Exemple 1 (Carlin de pariage de Guigues VIII avec l’Evêque de Grenoble)











Exemple 2 (Gros de Humbert II)











A l’avers, la première croisette à 2 heures ne laisse aucun doute sur la présence d’une ou 2 lettres initiales et élimine l’hypothèse d’une monnaie anonyme.

La forme du E majuscule confirme la période d’émission, en effet jusqu’à Jean II, c’est le E « lunaire »

qui est gravé.


Exemple de légende sur un Baudekin de Jean II












Pour Guigues VIII, comme pour Humbert II, le E est droit.


b) Dauphin.


Le style du dauphin, ses attributs (crête, barbillons, dents et ailerons) correspondent au monnayage de Guigues VIII et de Humbert II. Comme pour les caractéristiques des légendes, c’est à partir de Guigues VIII que la dentition « féroce », de type carnassier, apparait sur la mâchoire du dauphin. D’après certains numismates, elle correspondrait à la période de conflits intenses entre le Dauphin de Viennois et le comte de Savoie. Malgré cette férocité affichée, Guigues VIII sera blessé mortellement par un carreau d’arbalète, lors du siège du château de le Perrière, en 1333.






c) Croix de revers.


Le pied de la croix pattée qui coupe la légende à 6 heures est certainement l’élément le plus différentiateur pour l’attribution de cette piécette à l’un des deux comtes d’Albon. On ne connait à priori aucune monnaie de Guigues VIII avec cette caractéristique, alors que l’on en connait plusieurs pour Humbert II.

E. Caron décrit même un denier (N°510-ci dessous) qui est très semblable à notre monnaie, mais sans « petit dauphin » dans le deuxième quadrant. Ne connaissant pas l’état d’usure de la monnaie qui a servi de modèle pour le dessin, ni sa fiabilité, nous ne pouvons être catégoriques quant à son absence. Par contre, son poids de 1,02 gramme correspond à un module supérieur, celui du denier.









Un autre exemple, vente CGB :

Sur ce denier d’un poids de 0,91 gramme et de diamètre 19 mm, l’usure ne permet pas de voir l’éventuel dauphin dans un canton de la croix.









d) Flan


De mauvais aloi, le flan n’apporte pas d’indication significative. Au XIVème siècle, le monnayage dauphinois très hétéroclite, est composé de monnaies de prestige comme le florin d’or, le gros d’argent mais aussi de monnaies de billon dites « noires » et même d’oboles de cuivre.


3) Conclusion

Les caractéristiques métrologiques de cette monnaies, intermédiaires entre le denier et l’obole correspondent au « petit denier ».

L’ensemble des clefs de détermination (Eléments d’attribution) décrites ci-dessus limite l’investigation au monnayage de Guigues VIII et Humbert II, très semblables du point de vue du style de la gravure.

C’est la croix pattée coupant la légende qui fait pencher l’attribution pour Humbert II

Ne pouvant être absolument catégorique, il faudra néanmoins attendre la découverte et la publication d’un exemplaire de bonne conservation pour une attribution définitive.



Bibliographie :

POEY D’AVANT Faustin (1858-1862) Monnaie féodales de France

CARON Emile (1882-1884) Monnaies féodales françaises.

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